L'AFNOR publie son texte de référence sur le commerce équitable
Le 13.01.2006 à 13:19 - 160 hits
Après plusieurs années de débats entre tous les acteurs concernés,
l'AFNOR ne publie finalement qu'un texte de référence qui définit les
principes de la filière pour tenter de limiter l'utilisation abusive du
terme « commerce équitable ».
Depuis plus de trois ans, une vingtaine de structures (organisations de
commerce équitable, entreprises privées, administration et pilotes du
projet) travaillent sous la direction du délégué interministériel à
l'économie solidaire, Gérard Sarracanie, à l'élaboration d'une norme
qui permette d'offrir une garantie aux produits et services issus du
commerce équitable. À l'époque, cette concertation a été accueillie
plutôt favorablement par tous les acteurs au moment du lancement du
projet. Les organisations de commerce équitable, inquiètes du nombre
d'entreprises privées qui utilisent le terme à des fins marketing y
voient un moyen de clarifier la filière et de garantir une certaine
éthique. Le gouvernement veut en faire une de ses priorités
puisqu'aucun texte officiel ne définit encore la démarche et que la
France compte bien s'imposer comme pionnier. Les associations de
consommateurs demandaient plus de fiabilité et plus de transparence.
Mais la grande distribution s'intéresse également de près à cette
normalisation, le commerce équitable étant en voie de devenir un
élément majeur de leur communication.
L'enjeu a donc attisé les débats et même divisé les membres de la
Plate-forme Française du Commerce Equitable (PFCE). L'approche de
certains consistait à certifier seulement les produits pour que
l'ensemble de leur production soit garantie équitable. D'autres
défendent le principe de certification par filières. Selon cette
optique, les organisations ont l'obligation de prouver pour chaque
filière de produits le respect des critères du commerce équitable ce
qui constituerait une meilleure garantie contre les fraudes et les abus
et surtout éviterait que la grande distribution se déclare acteur du
commerce équitable.
Ces approches divergentes n'ont pas facilité la tâche pour l'AFNOR
chargée de rédiger cette norme. Après de nombreux rebondissements et
face à la difficulté de trouver un terrain d'entente commun, cette «
norme » a été finalement réduite à « un fascicule de référence » qui
n'a qu'un pouvoir informatif.
Ce document vient d'être publié sous l'intitulé « Accord AFNOR AC
X50-340 : Les trois principes du commerce équitable » et définit comme
son nom l'indique les trois principes complémentaires et indissociables
du commerce équitable soit :
• L'équilibre de la relation commerciale entre les partenaires ou co-contractants,
• L'accompagnement des producteurs et des organisations des producteurs engagés dans le commerce équitable,
• L'information et la sensibilisation du consommateur, du client, et plus globalement du public au commerce équitable.
Il n'est donc pas question de norme ni de label unique français pour l'instant.
Malgré sa faible portée, ce texte est le premier en la matière au
niveau mondial. Comme le précise Gérard Sarracanie, Président de la
Commission de normalisation, ce sujet intéresse tous les Français comme
le confirme un sondage IPSOS. La France se félicite d'être pionnière
dans le domaine du commerce équitable et de faire ainsi progresser la
cause d'un commerce plus juste au bénéfice des petits producteurs et
des consommateurs.
Le sondage IPSOS* auquel fait référence Gérard Sarracanie date de juin
2005. Selon celui-ci, 74% des personnes interrogées ont déjà entendu
parler du commerce équitable alors qu'elles n'étaient que de 32% en
2002**. 49% d'entre elles ont même déjà acheté des produits issus de ce
type de filière et principalement du café, du thé et du chocolat.
Néanmoins, le projet de s'arrête pas là. Après une période
d'expérimentation, cet accord pourra servir de base à une démarche de
normalisation lorsque tous les acteurs seront près à se réunir une
nouvelle fois autour d'une table pour débattre de la question.
F.LABY
*sondage réalisé par IPSOS le 20 et 21 mai 2005, par téléphone, auprès de 1023 personnes représentatives de la population.
**Sondage IPSOS réalisé en novembre 2002.
- Lien : www.actu-environnement.com/ae/news/1472.php4
- Source : Actu-environnement / F. LABY